2018, Lubabalo, Afrique du Sud
Je suis parti de Cape Town ce matin. Après avoir retrouvé la nièce de Linda à la gare ferroviaire, nous prenons un taxi bus pour Belleville, de là, nous changeons pour aller à Mbekweni. C'est là qu'aura lieu la cérémonie, dans ce township, près de Wellington.
Linda, travaille à l'Alliance Française comme femme de ménage. Nous sommes devenus amis. Elle m'a invité à cette cérémonie Xhosa qu'elle organise pour son fils Mizo, que tout le monde appelle Lubabalo. Il vient juste d'avoir 11 ans.
La cérémonie a eu lieu chez la mère de Linda, du 9 au 11 aout. Elle habite dans une petite maison verte, assez loin de Cape Town. Je n'ai pu photographier que les deux premiers jours de la cérémonie, qui a eu lieu trois jours durant.
D'après ce que m'a expliqué Linda, la cérémonie a pour but de protéger les enfants Xhosa, avant qu'ils ne deviennent adultes. Elle concerne aussi bien les filles que les garçons. Elle peut se faire à n'importe quel moment avant le rite de passage pour devenir adulte. C'est donc une sorte de pré-initiation, lorsque les enfants sont en âge de comprendre, un rite de protection censé éloigner toute mauvaise influence.
La famille et les proches sont conviés. Un petit bouc que tout le monde mangera est sacrifié, afin d'invoquer les ancêtres protecteurs. Les femmes s'occupent essentiellement de la maison, mais rien ne les empêchent de sortir et de voir ce que font les hommes, qui eux, sont à l'extérieur et s'occupent de couper le bois avant que le bouc ne soit amené. Lorsqu'il arrive, tout le monde se réunit dans la cours à l'arrière de la maison. Mais avant cela, Linda prépare une sorte de poudre ocre dont elle enduit le visage de son fils et le sien. Ils peuvent sortir pour rejoindre les invités.
L'enfant est seul, face à celui qui représente le clan familial. En l’occurrence, il s'agissait du plus âgé des oncles maternels de Linda. Il est debout, et à côté de lui celui qui va sacrifier l'animal et le frère ainé de Mizo tiennent le bouc. L'oncle invoque en xhosa les ancêtres et leur demande de protéger l'enfant. Les femmes se tiennent en rang.
Le bouc est sacrifiée. Il faut qu'il émette un son particulier en mourant pour que la cérémonie soit un succès. Le sang coule sur le sol dans un endroit préparé et sera ensuite recouvert de terre. Le dépeçage de l'animal commence. La peau servira de totem à l'enfant, qui devra la garder toute sa vie. Les abats sont prélevés en premier, ce sont des mets de choix dans la culture xhosa. Une petite partie sera consommée le soir même par la famille seulement. La viande est découpée, elle sera mangée le lendemain par tout le monde.
Lubabalo doit rester dans sa chambre, où la dépouille de l'animal est installée. Celui qui a sacrifié l'animal et qui est responsable du déroulement de la cérémonie amène quelques morceaux d'abats et de viande choisie que Lubabalo et sa mère seront seuls à manger. Lubabalo peut en sortir, mais il devra passer la nuit allongé sur le sol aux côtés de la dépouille de l'animal. Sur la peau ont été déposés la tête du bouc, son sexe et ses quatre membres. La mère de l'enfant aussi dormira avec lui.
Le lendemain, tous les invités reviennent et préparent le feu. La cuisson de la viande va se faire dans différentes marmites. Le dépeçage de la viande continue. Se sont les hommes principalement qui s'occupent de tout, mais régulièrement Linda vient rajouter l’assaisonnement. La viande est bouillie. Pour l'accompagner, il y a aussi du pap, une sorte de maïs, qui est l'aliment de base des xhosa.
Un homme qui a prélevé un morceau particulier de l'animal prépare ce qui servira à faire un collier de perles que portera l'enfant, jusqu'à ce qu'il se casse naturellement.
Lorsque la viande est prête, tout le monde est invité à manger. Le repas se passe dehors pour les hommes. Chacun mange soit avec ses doigts, ou avec une cuillère partagée par tous. Tous les os de l'animal sont regroupés. Ils seront enterrés plus tard dans le jardin.
Après le repas, le chef de cérémonie passe auprès de chaque personne présente avec une soucoupe pleine de perles. Chacun doit en toucher une. Cela commence dehors, avec les hommes, puis avec les femmes à l'intérieur de la maison. Lorsque tout le monde a touché l'une des perles, la mère de Linda, Linda et Lubabalo se réunissent dans la chambre, où à nouveau la peau de l'animal ainsi que sa tête qui a été brulée sont ramenés. Tous les trois fabriquent le collier de protection. La cérémonie a continué le lendemain, avec un autre repas.
Quelques mois plus tard, je suis convié par Linda à assister à la fête de fin d'année à l'école de Lubabalo. Il et quelques autres vont quitter l'école à la rentrée. Ils sont célébrés comme des stars hollywoodiennes. Tous sont habillés avec élégance. Ils vivent le triomphe de leur vie, adulés, portés aux nues par leurs camarades qui les envient de s'éloigner un peu plus le monde de l'enfance, sans pour autant rejoindre celui des adultes.
Linda, travaille à l'Alliance Française comme femme de ménage. Nous sommes devenus amis. Elle m'a invité à cette cérémonie Xhosa qu'elle organise pour son fils Mizo, que tout le monde appelle Lubabalo. Il vient juste d'avoir 11 ans.
La cérémonie a eu lieu chez la mère de Linda, du 9 au 11 aout. Elle habite dans une petite maison verte, assez loin de Cape Town. Je n'ai pu photographier que les deux premiers jours de la cérémonie, qui a eu lieu trois jours durant.
D'après ce que m'a expliqué Linda, la cérémonie a pour but de protéger les enfants Xhosa, avant qu'ils ne deviennent adultes. Elle concerne aussi bien les filles que les garçons. Elle peut se faire à n'importe quel moment avant le rite de passage pour devenir adulte. C'est donc une sorte de pré-initiation, lorsque les enfants sont en âge de comprendre, un rite de protection censé éloigner toute mauvaise influence.
La famille et les proches sont conviés. Un petit bouc que tout le monde mangera est sacrifié, afin d'invoquer les ancêtres protecteurs. Les femmes s'occupent essentiellement de la maison, mais rien ne les empêchent de sortir et de voir ce que font les hommes, qui eux, sont à l'extérieur et s'occupent de couper le bois avant que le bouc ne soit amené. Lorsqu'il arrive, tout le monde se réunit dans la cours à l'arrière de la maison. Mais avant cela, Linda prépare une sorte de poudre ocre dont elle enduit le visage de son fils et le sien. Ils peuvent sortir pour rejoindre les invités.
L'enfant est seul, face à celui qui représente le clan familial. En l’occurrence, il s'agissait du plus âgé des oncles maternels de Linda. Il est debout, et à côté de lui celui qui va sacrifier l'animal et le frère ainé de Mizo tiennent le bouc. L'oncle invoque en xhosa les ancêtres et leur demande de protéger l'enfant. Les femmes se tiennent en rang.
Le bouc est sacrifiée. Il faut qu'il émette un son particulier en mourant pour que la cérémonie soit un succès. Le sang coule sur le sol dans un endroit préparé et sera ensuite recouvert de terre. Le dépeçage de l'animal commence. La peau servira de totem à l'enfant, qui devra la garder toute sa vie. Les abats sont prélevés en premier, ce sont des mets de choix dans la culture xhosa. Une petite partie sera consommée le soir même par la famille seulement. La viande est découpée, elle sera mangée le lendemain par tout le monde.
Lubabalo doit rester dans sa chambre, où la dépouille de l'animal est installée. Celui qui a sacrifié l'animal et qui est responsable du déroulement de la cérémonie amène quelques morceaux d'abats et de viande choisie que Lubabalo et sa mère seront seuls à manger. Lubabalo peut en sortir, mais il devra passer la nuit allongé sur le sol aux côtés de la dépouille de l'animal. Sur la peau ont été déposés la tête du bouc, son sexe et ses quatre membres. La mère de l'enfant aussi dormira avec lui.
Le lendemain, tous les invités reviennent et préparent le feu. La cuisson de la viande va se faire dans différentes marmites. Le dépeçage de la viande continue. Se sont les hommes principalement qui s'occupent de tout, mais régulièrement Linda vient rajouter l’assaisonnement. La viande est bouillie. Pour l'accompagner, il y a aussi du pap, une sorte de maïs, qui est l'aliment de base des xhosa.
Un homme qui a prélevé un morceau particulier de l'animal prépare ce qui servira à faire un collier de perles que portera l'enfant, jusqu'à ce qu'il se casse naturellement.
Lorsque la viande est prête, tout le monde est invité à manger. Le repas se passe dehors pour les hommes. Chacun mange soit avec ses doigts, ou avec une cuillère partagée par tous. Tous les os de l'animal sont regroupés. Ils seront enterrés plus tard dans le jardin.
Après le repas, le chef de cérémonie passe auprès de chaque personne présente avec une soucoupe pleine de perles. Chacun doit en toucher une. Cela commence dehors, avec les hommes, puis avec les femmes à l'intérieur de la maison. Lorsque tout le monde a touché l'une des perles, la mère de Linda, Linda et Lubabalo se réunissent dans la chambre, où à nouveau la peau de l'animal ainsi que sa tête qui a été brulée sont ramenés. Tous les trois fabriquent le collier de protection. La cérémonie a continué le lendemain, avec un autre repas.
Quelques mois plus tard, je suis convié par Linda à assister à la fête de fin d'année à l'école de Lubabalo. Il et quelques autres vont quitter l'école à la rentrée. Ils sont célébrés comme des stars hollywoodiennes. Tous sont habillés avec élégance. Ils vivent le triomphe de leur vie, adulés, portés aux nues par leurs camarades qui les envient de s'éloigner un peu plus le monde de l'enfance, sans pour autant rejoindre celui des adultes.