Pourquoi aimons-nous ce que nous aimons ?
J'aime l'Afrique du Sud et cela depuis ma première visite en 1998. Plus tard, je vous raconterai peut-être ce voyage. Tout change si vite dans la vie : tous ceux qui vivent à nos côtés prennent des rides et deviennent différents par lassitude, les paysages que nous traversons tous les jours se transforment à notre insu, les pays que nous avons sillonné se sont métamorphosés et notre mémoire, elle aussi, nous joue des tours. Et puis, surtout, nous aussi nous changeons. Nous vieillissons autant que ceux que nous voyons prendre de l'âge, en oubliant que le temps s'acharne aussi à nous rendre différents de ce que nous fûmes lorsque dans la fleur de l'âge, nous étions jeunes et beaux, promis à l'insouciante éternité des gens heureux.
Alors, comment aimer ce que nous aimons, puisque ce que nous aimons n'est plus fidèle depuis longtemps à l'image que nous en avions ? Tout s’effiloche sans que nous n'ayons le plus souvent conscience du changement. L'illusion rassurante de la continuité est un tranquillisant pour les âmes sensibles.
Cette Afrique du Sud que je retrouve aujourd'hui ne peut plus être celle que j'ai connue, puisqu'elle a changé, et que moi aussi, j'ai changé. Je le sais, et je ne m'en désole pas. Et pourtant, s'il y a bien une seule chose qui ne peut me tromper, c'est que le goût de l'eau ici, est toujours le même.
Des millions d'années sont nécessaires à ce que le cycle s'achève et recommence sans cesse. Des montagnes à la mer, de la mer aux nuages, des nuages aux montages. Ce sont toujours les mêmes molécules qui s'assemblent et se reforment dans une variation infinie de combinaisons.
Ici, à Cape Town, le niveau d'alerte sur le manque d'eau est au niveau 3, sur les 5 que comporte cette échelle préventive. Sur les murs des salles de bains, on peut lire les consignes : "buvez plus de bières et moins d'eau". Moi, je n'aime pas la bière. La permanence de la permanence aujourd'hui n'est plus une garantie d'avenir. Ce qui a toujours été ne sera sans doute plus.
Et pourtant, je persiste à dire qu'il y a une chose qui n'a pas changé dans mon histoire d'amour avec l'Afrique du Sud. Cette chose, c'est le goût de l'eau, le goût limpide et pur de l'eau minérale.
Elle n'a aucun arrière-goût. Dès la première gorgée, elle vous paraît si familière que vous savez au fond de votre âme qu'elle ne vous a pas trahit. Vos artères n'ont certes plus la même vigueur, mais l'eau est toujours aussi bonne, aussi désaltérante, aussi douce et poétique, qu'il faut absolument l'embrasser, pour la remercier de ne pas s'être travestie en se mélangeant à d'affreux colorants.
L'eau pure et cristalline du Cap vaut mieux que tout les cépages du monde, parce qu'elle seule a gardé ce goût de l'aube primitive. Et Dieu sait que le vin est délicieux ici !
J'aime l'Afrique du Sud et cela depuis ma première visite en 1998. Plus tard, je vous raconterai peut-être ce voyage. Tout change si vite dans la vie : tous ceux qui vivent à nos côtés prennent des rides et deviennent différents par lassitude, les paysages que nous traversons tous les jours se transforment à notre insu, les pays que nous avons sillonné se sont métamorphosés et notre mémoire, elle aussi, nous joue des tours. Et puis, surtout, nous aussi nous changeons. Nous vieillissons autant que ceux que nous voyons prendre de l'âge, en oubliant que le temps s'acharne aussi à nous rendre différents de ce que nous fûmes lorsque dans la fleur de l'âge, nous étions jeunes et beaux, promis à l'insouciante éternité des gens heureux.
Alors, comment aimer ce que nous aimons, puisque ce que nous aimons n'est plus fidèle depuis longtemps à l'image que nous en avions ? Tout s’effiloche sans que nous n'ayons le plus souvent conscience du changement. L'illusion rassurante de la continuité est un tranquillisant pour les âmes sensibles.
Cette Afrique du Sud que je retrouve aujourd'hui ne peut plus être celle que j'ai connue, puisqu'elle a changé, et que moi aussi, j'ai changé. Je le sais, et je ne m'en désole pas. Et pourtant, s'il y a bien une seule chose qui ne peut me tromper, c'est que le goût de l'eau ici, est toujours le même.
Des millions d'années sont nécessaires à ce que le cycle s'achève et recommence sans cesse. Des montagnes à la mer, de la mer aux nuages, des nuages aux montages. Ce sont toujours les mêmes molécules qui s'assemblent et se reforment dans une variation infinie de combinaisons.
Ici, à Cape Town, le niveau d'alerte sur le manque d'eau est au niveau 3, sur les 5 que comporte cette échelle préventive. Sur les murs des salles de bains, on peut lire les consignes : "buvez plus de bières et moins d'eau". Moi, je n'aime pas la bière. La permanence de la permanence aujourd'hui n'est plus une garantie d'avenir. Ce qui a toujours été ne sera sans doute plus.
Et pourtant, je persiste à dire qu'il y a une chose qui n'a pas changé dans mon histoire d'amour avec l'Afrique du Sud. Cette chose, c'est le goût de l'eau, le goût limpide et pur de l'eau minérale.
Elle n'a aucun arrière-goût. Dès la première gorgée, elle vous paraît si familière que vous savez au fond de votre âme qu'elle ne vous a pas trahit. Vos artères n'ont certes plus la même vigueur, mais l'eau est toujours aussi bonne, aussi désaltérante, aussi douce et poétique, qu'il faut absolument l'embrasser, pour la remercier de ne pas s'être travestie en se mélangeant à d'affreux colorants.
L'eau pure et cristalline du Cap vaut mieux que tout les cépages du monde, parce qu'elle seule a gardé ce goût de l'aube primitive. Et Dieu sait que le vin est délicieux ici !